jeudi 13 novembre 2014

Séminaire: Coopération homme-animal (18 novembre 2014, 9 décembre 2014)

Chasseur à dos de renne, Touva, CS
La domestication est souvent décrite comme un assujettissement des animaux aux humains: domestiqués les animaux sont nourris et protégés par les humains en échange d'un renoncement à leur autonomie.
Alors que les animaux sauvages sont des sujets, libres de choisir les lieux où ils se nourrissent et leurs itinéraires, les animaux domestiques sont des objets subissant passivement la volonté humaine. La domestication complète impliquerait l'incapacité des animaux à se nourrir, se protéger et se reproduire sans l'assistance de l’homme. Ce processus n'est possible que par un apprivoisement parfait des animaux, c’est-à-dire une familiarité complète avec l'humain.
Si ces descriptions rendent compte de nombreuses situations de domestication, elles sont maladaptées aux formes d'élevage pastoral pratiquées en Asie septentrionale.
En fait le lien entre apprivoisement et domestication est loin d'être nécessaire. En Amazonie, des animaux sauvages sont apprivoisés individuellement et vivent à la maison mais ils meurent sans descendance. Ces cas ne peuvent être considérés comme des formes de domestication si la domestication a pour critère, selon la définition dominante, une maîtrise de la reproduction des animaux par l'homme. En Asie du nord, inversement, dans certains types d'élevage, les animaux domestiques sont très peu apprivoisés. Ils ont des contacts assez rares avec l'humain: ils choisissent eux-mêmes leurs pâtures, se défendent contre les prédateurs, fréquentent les humains à leur propre initiative.
Certains animaux (chevaux, chameaux, rennes) sont utilisés non pour la viande mais pour le travail : monte, trait, bât. Quelles sont les spécificités du travail des animaux en Asie du nord ? Pour les éleveurs, les qualités attendues des animaux de travail ne sont pas seulement la compréhension de leurs ordres et la soumission, mais une capacité à participer de façon active aux tâches. Peut-on dire que les animaux coopèrent au travail ? En quel sens faudrait-il l’entendre ? La coopération implique la perception d’un objectif commun : les animaux manifestent-ils cette perception ? Les éleveurs la leur attribuent-ils, attendent-ils des initiatives des animaux de selle ?
La coopération implique-t-elle soumission ou autonomie des animaux ?
Avec Nicolas Bureau et Charlotte Marchina.


Armstrong Oma, Kristin. 2010. “Between Trust and Domination: Social Contracts between Humans and Animals.” World Archaeology42 (2): 175–87. 
Ingold, Tim. 1994. “From Trust to Domination: An Alternative History of Human-Animal Relations.” Animals and Human Society: Changing Perspectives, 1–22.

Kaminski, Juliane, Julia Riedel, Josep Call, and Michael Tomasello. 2005. “Domestic Goats, Capra Hircus, Follow Gaze Direction and Use Social Cues in an Object Choice Task.” Animal Behaviour 69 (1): 11–18.

Knight, John. 2005. Animals in Person: Cultural Perspectives on Human-Animal Intimacies. Berg Oxford.

Proops, Leanne, Meggen Walton, and Karen McComb. 2010. “The Use of Human-given Cues by Domestic Horses, Equus Caballus, during an Object Choice Task.” Animal Behaviour 79 (6): 1205–9.

Tomasello, Michael, and others. 2009. Why We Cooperate. Vol. 206. MIT press Cambridge, MA.

Wipper, Audrey. 2000. “The Partnership: The Horse-Rider Relationship in Eventing.” Symbolic Interaction 23 (1): 47–70.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire